On se souvient de Robert Portal le musicien quand avec son frère Henri-Claude (aujourd’hui disparu), il animait des concerts au Puy-en-Velay. On se souvient de son militantisme au service de la protection de la nature. N’a-t-il pas été un compagnon de route de SOS Loire Vivante ? Absorbé par l’étude d’un épillet à la loupe binoculaire, le Ponot s’extasie comme le ferait un enfant : « Quand on voit la complexité du vivant, on n’a d’autres choix que celui de le respecter ».
Genres et espèces décrits par le menu
Car Robert Portal a depuis longtemps une autre corde à son arc : la botanique, à laquelle il consacre une grande partie de son temps.
À 72 ans, il continue inlassablement un travail titanesque de description de la grande famille des graminées. Il nous ouvre les portes de la petite maison familiale de Vals entièrement dévolue à ses recherches. Depuis 12 ans maintenant, des études pointues sont consacrées aux avoines sauvages annuelles. Avec toujours la même rigueur, il constitue, jour après jour cette nouvelle et monumentale monographie. Ces précédentes études ont donné lieu à de nombreuses publications, depuis 1995, portant sur différents genres et espèces : bromes, fétuques du Massif Central, poa plus connu sous le nom de pâturin, agrostis… Ces ouvrages sont conçus avec des clés d’identification illustrées.
Le botaniste met ses capacités d’illustrateur au service des clés d’identification des végétaux.
Les dessins de plantes d’une extrême précision réalisés au moyen d’un simple rotring ou d’un feutre très fin vont s’avérer précieux dans l’identification des végétaux. Sept années passées aux Beaux-arts prédestinaient Robert Portal à embrasser une carrière de graphiste. « Blé, maïs ou sorgho sont d’abord des graminées qui ont été améliorées de manière à avoir des grains plus gros, mais aussi pour obtenir des plantes plus résistantes », indique le chercheur.
Certaines avoines sauvages comme la Strigosa, réputée pour sa frugalité (peu de besoins en eau) est utilisée en agriculture, servant d’engrais vert en Amérique latine, d’où son surnom « d’avoine brésilienne ». Cette avoine a été vue récemment dans un champ, quelque part du côté de Saint-Christophe-sur-Dolaizon.
Robert Portal avance en terrain presque vierge. Selon lui, seule une étude canadienne a réalisé un travail sur le sujet qui remonte aux années soixante-dix.
Ses sources d’information
Le Ponot puise à différentes sources d’information, à commencer par les herbiers universitaires (obtenus via l’université de Clermont-Ferrand). Mais également des bibliographies, des recherches de terrain. Robert Portal a longtemps profité de ses déplacements lors de concerts pour des observations naturalistes. Enfin des cultures expérimentales. Un poa nemoralis peut aussi bien prospérer dans un sous-bois ou pousser sur un mur. En le cultivant dans son jardin de Vals, Robert Portal a pu constater qu’il s’agissait bien d’une seule et même plante à la plasticité écologique incroyable.
Ils étaient faits pour se rencontrer un jour
Robert Portal un botaniste de l’ombre ? Pas si sûr. L’homme est certes discret, mais a acquis une vraie reconnaissance nationale voire mondiale au sein de sa discipline.
Il a même eu les honneurs du prestigieux magazine, National Géographic, pour sa découverte voilà quelques années, presque au sommet du Mézenc d’une nouvelle plante, une graminée (forcément) appelée Agrostis maysae-tortiae. Après des recherches bibliographiques et une mise en culture, il s’est avéré qu’il s’agissait bien d’une véritable découverte, qu’une analyse chromosomique réalisée à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) est venue confirmer.
« Elle n’était pourtant pas de celles sur qui on se retourne : peu colorée, discrète, à la beauté cachée » commentent les auteurs de l’article.
Philippe Suc
August 20, 2020 at 04:18PM
https://ift.tt/2EisOl9
Ni grain, ni paille pour ces avoines - L'Eveil de la Haute-Loire
https://ift.tt/2Z8kKdt
paille
No comments:
Post a Comment